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Abobo Sagbé – Quand les écoliers risquent leur vie

Abobo Sagbé, un sous-quartier de la commune d’Abobo, dans le district d’Abidjan. Des écoliers risquent leur vie chaque jour en allant à l’école. A une semaine de la reprise de l’année scolaire, rien n’a changé.

Dans l’insouciance de l’enfance. Le nez en l’air, les cheveux au vent, Kalissa Ouattara, une fillette de 7 ans, élève en classe de CP1, à l’EPP Sagbé 2 court sur ce pont de fortune.

Une passerelle longue de près de dix mètres et large d’environ un demi-mètre de large. Ce passage à hauts risques est confectionné à partir du châssis d’un camion de dix tonnes, couvert de petites planches de bois.

Le tout dressé sur un ravin d’une profondeur de plus de dix mètres. Le tremplin ne dispose d’aucun pilier. Mais, la jeune fille traverse rapidement pour aller prendre son repas de midi.

Ce mardi, 26 mars, il est 12h05mn lorsque nous arrivons aux abords de ce pont de fortune situé à Sagbé centre, à Abobo derrière rails , un secteur de la commune d’Abobo.

Accompagné du chef du quartier, Touré Amidou, nous sommes sans voix au vu de la dangerosité de cet ouvrage qui permet aux écoliers d’accéder à leur établissement en moins de dix à quinze minutes de marche.

Le hic, c’est qu’il suffit d’une petite perte d’équilibre pour qu’ils se retrouvent dans le gouffre en-dessous.

DES ENFANTS EMPORTÉS PAR DES EAUX À LA SAISON DES PLUIES

Le matin, à midi et le soir, les enfants empruntent cet ouvrage rudimentaire, érigé par les riverains eux-mêmes. Faute de mieux.

Ibrahim Diarrassouba, élève de CM2, ne cache pas sa peur:

« Le pont fait peur. c’est pourquoi je marche à petits pas. Souvent, lorsque nous durons à l’école, nous avons très peur au moment de traverser puisqu’il n’y a pas de lumière. C’est pourquoi nos parents nous demandent de rentrer très tôt à la maison dès que nous finissons les cours ».

Selon le chef du quartier, la grosse inquiétude des parents d’élèves, c’est lors de la saison des pluies.

« La saison des pluies va commencer bientôt. Les parents d’élèves ont le sommeil trouble les jours d’école. Car, lorsqu’il pleut, les planches sur le châssis glissent. En outre, le ravin étant profond, le débit de l’eau emporte systématiquement tout enfant qui y tomberait », craint-il.

Pour corroborer ses propos, il informe que l’an passé, ce sont deux élèves, de retour des classes, qui ont été emportés par les eaux.

Un drame qui a frappé les populations du quartier et qui continue de les hanter.

« C’est inquiétant, on a appris que la météo annonce de fortes pluies, cette année. Quelle protection pour nos enfants ? », s’interroge-t-il, songeur.

Ce passage reste le meilleur du quartier ! « Des familles ont cotisé pour réaliser cette passerelle. Les autres points de passage font davantage plus peur », fait-il savoir.

Puis de déplorer l’absence d’infrastructures de base dans ce quartier.

« Sagbé regroupe six sous-quartiers. A savoir Sagbé-centre situé en face du commissariat du 21ème arrondissement. Sagbé antenne, qui est à côté du commissariat, Sagbé-Palmeraie qui se trouve après la mosquée blanche, Sagbé-Céleste, Sagbé-Bocabo et enfin Sagbé-Ran. Sagbé est donc le plus grand et le plus peuplé quartier d’Abobo », précise le chef.

Poursuivant, il indique qu’à Sagbé-Centre, il n’existe pas d’écoles publiques.

« Avant, les parents d’élèves louaient un établissement où exerçaient des enseignants du public. Les parents d’élèves se mettaient ensemble pour payer le local, à travers le Cojes. Mais il y a eu la construction des écoles BAD à Sagbé-Céleste. Il s’agit de Sagbé-2 qui comporte deux écoles et le groupe scolaire Sagbé qui regroupe 5 écoles.Du coup, les enfants qui sont à Sagbé-Centre où il n’existe pas d’établissement public vont tous à l’école à Sagbé-Céleste.De même que certains enfants de Sagbé-Bocabo », détaille M.Touré.

L’ABSENCE D’ÉCOLE PUBLIQUE À SAGBÉ-CENTRE

Et d’ajouter que Sagbé-Céleste étant séparé des deux autres quartiers par un gros ravin, la solution trouvée est le pont en question. Pour le chef de quartier, avec plus de 300 mille habitants, Sagbé-Centre mérite aujourd’hui de bénéficier d’une école publique. « Nous avons un espace, nous souhaitons que l’Etat nous aide à construire une école afin d’éviter que nos enfants risquent,leur vie », fait-il observer.

L’autre solution qu’il propose, c’est la construction d’un pont pour desservir ce grand quartier.

«Depuis des lustres, il existe un projet de construction d’une voie qui part du marché Siaka Koné, en face de la mairie, traverse Sagbé-Antenne, Sagbé-Centre et arrive à Bocabo. Mais ce projet est resté lettre morte», regrette-t-il.

Car, en dehors des élèves, les populations se disent victimes d’attaques sur ce pont, la nuit tombée. C’est ce qu’affirme Patrick Digbeu, instituteur.

«Les enfants en conflit avec la loi dénommés‘’microbes’’ s’attaquent impunément aux citoyens qui ont le malheur de passer à cet en-droit, dans la soirée ou même en pleine journée, le jour où ils sont en opération. Ces jeunes délinquants prennent leurs victimes en sandwich et les dépouillent », explique-t-il.

Il y a donc urgence à agir.

Source: Nouvelle Génération

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