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Procès de Gbagbo et Blé Goudé: Un témoin militaire fait des révélations sur la chaîne de commandement pendant la crise post-électorale

A la barre de la Cour pénale internationale (CPI) mercredi, dans l’affaire  opposant l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et son ministre Charles Blé Goudé au procureur de ladite juridiction internationale,  M. Dosso Sinaly, militaire ivoirien retraité et témoin à charge,  a fait des révélations sur les consignes données sur les réseaux de communication de la garde républicaine, de la gendarmerie et de la police ivoirienne pendant la crise post-électorale de 2010.

A en croire,  cet ancien formateur dans le domaine des transmissions radio de l’armée ivoirienne, les écoutes des communications militaires dont il s’est adonné discrètement pendant la crise post-électorale lui aurait permis d’identifier les «indicatifs» des donneurs d’ordre à la gendarmerie nationale, à la garde républicaine et à la police.

« Appolon, Cosmos et Atlas sont des indicatifs attribués aux donneurs d’ordre de la garde républicaine à l’époque. Faucon et étoile eux sont des donneurs d’ordre de la gendarmerie. Mais à la différence de la garde républicaine où le réseau de transmission était discipliné, à la gendarmerie, les ordres des supérieurs étaient contestés par les exécutants.  La gendarmerie avait une manière de donner des instructions apaisée sur le réseau», révèle M. Dosso qui  soutient que «Faucon de la gendarmerie» demandait à ses hommes «d’utiliser des moyens conventionnels de maintien d’ordre et de ne pas tirer à balle réelle sur les manifestants. La police elle, avec ses donneurs d’ordre que sont Azaro, Oméga, Cendrac, Chronos, travaillaient en symbiose avec la garde républicaine », a-t-il  indiqué.

Pour M. Dosso qui cite nommément les généraux Dogbo Blé Brunot et Georges Guiai Bi Poin alors commandant de la garde républicaine et commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS) , comme auteurs de certains messages, dit toutefois, ne pas être quasi-sûr  que les indicatifs utilisés désignent forcément  ces deux officiers supérieurs.

« Moi, j’estime que ce sont eux les donneurs d’ordres  parce qu’ils commandaient à l’époque ces entités. Sinon seul l’officier de transmission de l’époque peut identifier avec exactitude les personnes qui se cachaient derrière ces indicatifs», a-t-il nuancé ces propos.

04 avril 2011:  «Cosmos de la GR a demandé à ses hommes d’aller prendre un colis à l’hôtel Novotel»

Selon ce 31ème témoin de l’accusation, à travers une entrée radio dont il a pu écouter  la teneur le 04 avril 2011 à 14h27 minutes  en provenance du réseau de transmission radio  de la garde républicaine ivoirienne , le  chef «Cosmos a demandé à ses hommes d’aller prendre un colis à l’hôtel Novotel d’Abidjan-Plateau  pour le mettre à la disposition de lingo».  M. Dosso précise néanmoins  à la question du juge-président, Cuno Tarfusser de savoir s’il avait pu décrypter ce message, « qu’il ne savait pas ce que c’était ce colis ». « C’est après,  j’ai appris sur une radio internationale  que 4 personnes  dont M. Yves Lambellin ont été enlevées à l’hôtel Novotel. Donc j’ai tout de suite fait le rapprochement et compris que le colis c’était ces messieurs.  Le lingo dans le message devait être un lieu», a-t-il  déclaré.

Après quoi, la défense des prévenus qui a pris le relais  de l’accusation, devra continuer à contre-interroger M. Dosso jeudi. Laurent Gbagbo et Charles Blé sont poursuivis devant la Cour pénale internationale pour 4 chefs de crimes contre l’humanité (meurtres,   viols, autres actes inhumains, persécutions) pendant la crise post-électorale ivoirienne  de  décembre 2010 à avril 2011.

Après une interruption de près de deux mois depuis le 09 décembre dernier, c’est le lundi que ce procès a repris avec la poursuite de la comparution  des témoins à charge.  Fatou Bensouda,  la Procureur de la CPI prévoit faire déposer environ 138 personnes devant la Cour. M. Dosso  qui a débuté son audition ce jour devrait être entendu sur deux jours si l’on se réfère à la recommandation du juge Cuno Tarfusser d’accorder 48 heures d’audition à chaque témoin pour la célérité du procès. Gbagbo Laurent est détenu  au pénitencier de la Cour pénale internationale depuis   le 29 novembre 2011, quand son ex-ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé y est pensionnaire depuis mars  2014.

L.Barro

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