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L’Agence Côte d’Ivoire PME, nouveau fer de lance des entreprises, ouvre un «Guichet unique» en juillet

L’Agence Côte d’Ivoire PME va ouvrir à partir de juillet 2018 un Guichet unique des PME, un portail permettant aux entreprises d’avoir accès à toutes les informations dans la structuration de leurs affaires, indique son directeur général Salimou Bamba dans un entretien à APA.

Quelles sont les missions de l’Agence Côte d’Ivoire PME ?

L’Agence Côte d’Ivoire PME a été créée par la loi de réforme du secteur des PME en 2014 et est fonctionnelle depuis octobre 2017. Elle est une agence d’exécution du gouvernement ivoirien qui est sous la tutelle technique du ministère du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME et sous la tutelle financière du ministère du Budget et du portefeuille de l’Etat.

Sa mission est d’accompagner la promotion et le développement des Petites et moyennes entreprises (PME), et principalement dans quatre secteurs, la question de l’accès au financement et au marché, le renforcement des capacités, l’environnement des Affaires et enfin l’innovation et l’entrepreneuriat. L’objectif est que l’Etat puisse davantage optimiser son intervention en centralisant l’ensemble de ses ressources au sein d‘un organisme pour les besoins des PME ivoiriennes.

Combien de PME dénombre-t-on aujourd’hui dans le secteur informel et formel en Côte d’Ivoire ?  

Au niveau des statistiques, les études situent le nombre de PME formelles entre 30.000 et 50.000. Le programme Phoenix qui a abouti à la création de l’Agence Côte d’Ivoire PME a pour principal objectif le doublement de ce nombre en 2020 qui ferait qu’on passerait entre 100.000 et 120.000 PME dans le formel.

L’informel étant un secteur qui n’est pas toujours facile à cerner, l’une des missions de l’Agence PME sera d’accompagner ce secteur dans la formalisation par la définition d’un statut spécifique aux travailleurs de ce secteur, par la mise en place de mesures incitatives en termes de charges fiscales et sociales.

Peut-on savoir ces mesures incitatives visant à formaliser les PME dans le secteur informel ? 

L’Etat, en juin 2017, a défini un statut de l’entreprenant, qui est reconnu par l’OHADA, une politique régionale dans laquelle la Côte d’Ivoire évolue. La prochaine étape après ce statut va consister à mener des études aux fins d’intéresser l’artisan, un entrepreneur qui a une microentreprise pourra migrer du secteur informel vers le formel.

Cela nécessite la définition d’avantages au niveau fiscal et des charges sociales. Des pays comme le Maroc et le Rwanda ont bien réussi cette transition et pour la Côte d’Ivoire, l’ensemble des acteurs est actuellement réuni pour mener une étude qui devrait être disponible en décembre 2018.

Ces mesures se regroupent en deux catégories, celles liées aux charges fiscales et celles liées aux charges sociales. Dans certains pays, les charges sociales peuvent aller jusqu’à l’assurance maladie, aux fonds de retraite et la protection sociale. Au niveau des impôts, il s’agira de définir les avantages liés au statut de l’entreprenant et comment faire pour qu’il y ait moins de documents à fournir sur le plan administratif et qu’il y ait une redevance à payer.

Comment profilez-vous l’accompagnement des PME en termes de financement et d’accès au crédit ? 

La question de financement est cruciale pour les PME, au niveau de l’Agence Côte d’Ivoire PME et du gouvernement ivoirien, il y a déjà des dispositions qui sont prises, avec l’étude en cours d’un fonds de garantie, il y a environ sept mois. Aujourd’hui, les premiers résultats de l’étude réalisée par un Cabinet commis à cet effet sont  disponibles et ont été validés depuis novembre 2017 par les différents acteurs de l’écosystème.

Le ministère du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME s’attelle à finaliser le fonds de garantie au niveau de l’actionnariat. Pour le second niveau, les fonds appelés « BACI » estimés à 5 milliards Fcfa sont disponibles. Ils sont destinés essentiellement aux femmes entrepreneures qui ont accès à des crédits avec des taux bonifiés. Aujourd’hui, nous sommes à 35 femmes qui ont déjà bénéficié de ce fonds.

On peut aussi accompagner ces femmes dans le montage de leurs dossiers. Il y a en outre tout ce qui concerne le fonds d’appui à l’innovation. Des études sont en cours pour doter la Côte d’Ivoire d’un fonds pour l’innovation qu’on appelle des fonds d’investissements ou encore d’amorçage. Ils devraient permettre aux entreprises innovantes de pouvoir avoir accès à des financements. L’Agence Côte d’Ivoire PME se positionne par ailleurs sur la question de la formation pour accompagner les PME et les startups. Aujourd’hui, notre cible intègre tout ce qu’il y a comme incubateur et associations ou fédérations du secteur privé.

Aujourd’hui, on parle de fiscalité pour les débutants, comment l’Agence compte jouer sur ce levier pour tirer les PME de l’informel ?

La question de la fiscalité est critique, elle est importante, et bien-sûr le statut de l’entreprenant est destiné à cela. Il s’agit de définir selon le chiffre d’Affaires de l’entreprise quel est le montant acceptable qui puisse lui permettre de survivre et d’être une entreprise citoyenne. Le défi auquel fait face notre pays est la réduction de l’assiette fiscale qui fait que le poids fiscal pèse sur moins d’acteurs.

En permettant une meilleure structuration du secteur informel, on est capable d’élargir l’assiette fiscale. Le statut de l’entreprenant est une réponse directe à la question de la fiscalité du secteur informel. Plutôt que de parler de tranche de financement, certains pays ont choisi les redevances ou des forfaits payés au gouvernement toute l’année. L’étude en cours devrait nous permettre de prendre une décision.

D’ici à 2020, horizon visé pour l’émergence de la Côte d’Ivoire, quels résultats attendez-vous en termes de transformation des PME ? 

L’année 2020 pour la Côte d’Ivoire représente un horizon assez ambitieux. Le président de la République a défini les objectifs d’une Côte d’Ivoire émergente. Sur le chemin de cette émergence, un des challenges auquel fait face le pays est la question de la croissance inclusive. Effectivement, on a une croissance en Côte d’Ivoire, mais de plus en plus, le souhait du gouvernement est de la soutenir de sorte qu’elle soit inclusive. Et donc, que beaucoup d’acteurs participent à la création de la richesse.

Le secteur des PME de par sa composition est l’un des meilleurs moyens pour partager la richesse à tout le monde. A l’horizon 2020, l’objectif de l’Agence Côte d’Ivoire PME est de contribuer à une croissance structurelle de l’économie de la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire avoir davantage d’entreprises qui migrent du secteur primaire vers le secteur secondaire par la transformation des matières premières. L’Agence devra davantage soutenir les entreprises afin qu’elles puissent transformer les produits agricoles.

L’Etat ivoirien envisage, à travers la CAPEC, de transformer 5.000 entreprises d’ici à 2020, quel rôle allez-vous jouer dans ce processus ?

C’est un projet qui émane de l’écosystème des acteurs et aujourd’hui il va falloir mettre en place une cellule pour accompagner ce projet de la Cellule d’analyse des politiques économiques et conjoncturelles (CAPEC).  Toutes les initiatives qui concernent l’appui conseil aux entreprises, l’Agence Côte d’Ivoire PME se positionne comme un acteur essentiel.

Dans le cadre de ce processus, nous allons travailler avec les promoteurs pour voir quels types d’accompagnements peuvent bénéficier les PME parce que les préoccupations pour un jeune entrepreneur qui veut investir, c’est je me dirige où principalement, qui m’accompagne pour m’aider à formaliser mon entreprise, et qui m’accompagne dans les premiers mois et où je trouve l’information, c’est pourquoi au niveau de l’Agence Côte d’Ivoire PME il est prévu la création d’un Guichet unique des PME.

Quel sera donc le rôle du Guichet unique des PME et quand sera-t-il fonctionnel ?

Le Guichet unique des PME est un portail où l’ensemble des PME peuvent se diriger pour avoir accès à l’information pour les accompagner dans la structuration  de leurs affaires, les informations relatives aux commandes publiques et aux marchés financiers ainsi qu’aux types de financements qui sont disponibles.

L’Agence Côte d’Ivoire PME entend devenir une plate-forme qui sera La Maison des PME où chacun pourra venir avoir l’information. La plateforme électronique est en cours de finalisation et devrait permettre à l’ensemble des jeunes entrepreneurs ivoiriens, à Abidjan, à Yamoussoukro, à Korhogo (nord) et partout en Côte d’Ivoire d’avoir accès à l’information et qu’on puisse vous accompagner dans vos projets d’entreprise.

L’ensemble des instruments de l’Agence Côte d’Ivoire PME devrait être disponible à partir du mois de juillet 2018. Déjà, il y a des PME qu’on reçoit ici. Donc, vous aurez le Guichet unique qui va fonctionner, vous aurez un observatoire des PME qui sera le centre de gestion de la connaissance. On veut aujourd’hui offrir une opportunité aux membres de la recherche, la liste à tout le monde afin que l’observatoire soit le creuset de l’information relative aux PME. En plus de cela, vous avez l’incubateur d’Abidjan.

Dans le cadre de la politique d’incubation, le gouvernement a prévu qu’il soit créé un incubateur à Abidjan, un second à Yamoussoukro, un troisième à Bouaké (centre) et un quatrième à San-Pedro (sud-ouest). L’incubateur d’Abidjan a été déjà réceptionné par le ministre du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME au mois de décembre 2017, on est aujourd’hui dans la phase de finalisation et on estime qu’au 1er juillet 2018, il sera disponible. Il sera une maison d’incubation où sera l’ensemble de l’écosystème des startups.

Des entreprises ont été sélectionnées et accompagneront les startups depuis l’étape d’idées jusqu’à la création de l’entreprise. Le second volet sera ce qu’on appelle un espace d’intelligence collectif qui va permettre à l’ensemble de la jeunesse ivoirienne d’échanger avec des entrepreneurs sur des questions qui les concernent, sur le soutien qu’ils entendent de l’Etat et où il sera aussi célébré ceux qui réussissent, puisqu’il y a des startups ivoiriennes qui remportent des prix à l’international, qui reviennent ici et qui ne sont pas reconnues.

Qu’entendez-vous faire au-delà de l’incubation des personnes porteuses d’idées d’entreprise ?

Il est prévu un troisième pilier qui va concerner la domiciliation de l’entreprise. Vous êtes un jeune Ivoirien, vous voulez créer votre entreprise, vous avez une adresse et vous n’avez pas de lieu où fonctionner, on va vous donner l’opportunité de domicilier votre entreprise au niveau de cet incubateur d’Abidjan et qui sera mis à la disposition des jeunes Ivoiriens pour les accompagner.

Au mois de juillet, l’ensemble de ces outils sera disponible pour tous les jeunes entrepreneurs ivoiriens qui ont des projets.  On sera prêt à les écouter et ce lieu sera situé au niveau de la Riviera Palmeraie non loin du nouveau camp commando (un quartier de Cocody, à l’Est d’Abidjan). Ce sera un espace dédié où on va célébrer l’entrepreneuriat, les jeunes créateurs et l’innovation.

Comment ces jeunes seront-ils sélectionnés puisqu’il y a des idées qui fusent dans différents secteurs ? 

Au niveau du  volet incubation, qui concerne la création d’entreprise, il y aura un appel à manifestation d’intérêt qui sera publié. Et ce sera un processus transparent qui va regrouper tant l’Agence Côte d’Ivoire PME que des acteurs du privé et on va sélectionner des cohortes de PME qu’on va accompagner.

Aujourd’hui, on a également différents partenaires internationaux qui ont déjà fait leurs preuves dans différents pays du monde qui ont déjà eu des cas de succès qu’ils nous apportent. Le volet incubation sera mené en partenariat avec des acteurs internationaux. Des personnes du secteur privé et public seront approchées pour partager leurs expériences avec ces jeunes. Le secteur privé sera sollicité et tout ce qui est également action de sponsoring.

Certaines structures privées qui ont des projets à mener, peuvent aussi les héberger au sein des incubateurs publics : je suis une entreprise ivoirienne, je rencontre des défis par exemple dans la gestion de la logistique et je veux améliorer ma chaîne logistique, j’approche l’Agence Côte d’Ivoire PME.

On organise en ce moment un hackathon, on sélectionne des startups ivoiriennes sur votre problème et on bâtit pour vous une solution sur mesure. Il y aura aussi cette possibilité pour le secteur privé d’approcher aussi l’Agence pour résoudre certains problèmes plutôt que d’aller voir un consultant privé, afin d’avoir accès à des intelligences. Toutefois, l’Etat ne vient pas pour faire la concurrence au secteur privé. Il s’agit de donner des opportunités à des PME pour pouvoir s’éclore et devenir des champions nationaux.

Certaines entreprises cherchent des circuits à l’étranger pour écouler leurs produits et comment l’Agence peut les accompagner ? 

Exporter rend plus performantes les PME, lorsqu’on exporte, on va sur un nouveau marché. La concurrence est rude et il faut donc organiser sa logistique. Quand on a beaucoup de PME qui exportent, on est capable d’avoir beaucoup de compétitivité. Donc, au niveau de l’Agence Côte d’Ivoire PME nous réfléchissons à un programme d’appui à l’exportation pour voir quels types de soutiens on pourra apporter aux PME.

Il faut surtout être capable d’exporter, il faut pouvoir tenir une  compatibilité du coût de revient, quand je veux exporter, comment je calcule mon coût de revient. L’Agence va dans l’immédiat s’atteler à faire ces supports pour aider les entreprises à dresser leur portrait et donner les outils pour pouvoir être performant à l’exportation.

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